Parmi les nombreux Warmshowers hébergés cet été, nous avons eu la chance de faire connaissance avec Julien et Marianne, en escale européenne « Sur les voix des Amériques ».
Pour ceux d’entre vous qui découvrent ce projet, Julien a démarré en 2015 un voyage à travers l’Amérique du Sud, pour aller à la rencontre de ces habitants du monde avec lesquels on n’a pas souvent l’occasion d’échanger, et découvrir leurs solutions aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui.
Après 46.000 kilomètres de pistes, et rejoint depuis par Marianne dans cette aventure humaine, il sillonne pour l’instant (Covid oblige) les routes du Vieux Continent sur la trace des semences oubliées…
CC: Julien, quel projet se cache derrière "Les voix des Amériques"
?
J: Le projet a été lancé avec mon ami Laurent. L’idée de base était de traverser un continent sans moteur pour aller à la rencontre des gens encore connectés à la nature et s’imprégner des cultures locales. J’étais assez préoccupé par les changements climatiques et je voulais découvrir des projets qui allaient dans la construction d’un modèle positif pour y faire face et laisser un témoignage en filmant ces initiatives.
CC: Pourquoi avoir choisi le vélo ?
J: … et le kayak et pirogue! Pendant une partie du voyage, on a transporté sur les vélos un kayak gonflable, pour suivre le cours naturel des rivières, hors du tracé fait par les hommes. On a fait deux expéditions de navigation: en Patagonie vers les glaciers du sud, et sur le Río Napo en Amazonie mais la logistique était très compliquée à gérer. Le choix du vélo s’est fait par rapport à la distance qu’on peut parcourir sur une journée par rapport à la marche à pied, ça nous semblait un bon compromis pour arriver à traverser tous les pays comme prévu. Et je considère le vélo comme un objet social, un outil pour rencontrer le monde.
CC: Tu ne parles pas tellement des paysages que vous avez traversés, ça doit pourtant être magnifique?
J: On voyage tous pour des raisons différentes, aventure, cyclo-tourisme, etc. mais c’est vrai que ce n’est pas le paysage qui m’attire le plus, je préfère de loin l’aspect humain. Le vélo permet ça, d’accéder à de petits villages au cœur de l’Amazonie et rencontrer les habitants. Ils sont souvent curieux, très réceptifs de la démarche du voyage. Les enfants essaient les vélos pour s’amuser, et on a rencontré quelqu’un qui nous aurait accompagnés sur la route s’il avait eu un vélo!
Je considère le vélo comme un objet social, un outil pour rencontrer le monde.
CC: Il y a eu des rencontres plus marquantes que d'autres?
J: Il y a eu celle des Maikiuants, une communauté shuar en Equateur. Il faut savoir que ces communautés indigènes vivent encore de la nature et en accord avec elle: l’éducation, la subsistance, les rites sont tous issus de pratiques ancestrales en connexion totale avec leur environnement. Mais la presque totalité du territoire est depuis les années ’90 en concession pour l’industrie minière, qui cherche à déloger ces communautés pour exploiter le terrain. Nous avons rencontré les Maikiuants et passé plusieurs semaines avec eux, en vivant comme eux et en découvrant la richesse de leur culture, nous faisions vraiment partie de cette famille.
Et puis nous avons fait un court-métrage pour en témoigner et faire connaître la problématique des concessions minières dans la région, en espérant que ça les aide à lutter pour leur territoire, et j’aimerais retourner là-bas vivre une saison avec eux et donner quelques cours.
CC: Aujourd'hui, tu aurais dû être au Canada, entre vélo et kayak, mais la crise de Covid-19 a tous chamboulé et te voilà de retour en Europe... le projet est fini?
J: Non, il est juste relocalisé! On s’est rendu compte que les initiatives et les recherches de solutions pour lutter contre les changements climatiques en gardant une connexion avec la terre, on en trouvait aussi en Europe. Nous voilà donc de retour à vélo, sur les routes des graines oubliées, pour entre autres rassembler et échanger les semences anciennes que des passionnés essaient de faire revivre pour garder de la diversité dans nos cultures.
CC: Tu nous parlais de Laurent au début du voyage, mais aujourd'hui c'est avec Marianne que tu roules...
J: J’ai lancé le projet avec Laurent, qui a passé deux ans sur les pistes d’Amérique du Sud avec moi. On a parfois été rejoints en cours de route, et roulé à quatre quelques temps.
Mais au bout de deux ans (la durée initiale prévue), le voyage était loin d’être fini et j’ai décidé de continuer seul. Lors d’une projection du court-métrage sur les Maikiuants, j’ai rencontré Marianne et depuis, nous voyageons ensemble.
CC: Marianne, tu peux nous parler un peu de ta vision du voyage ?

M: Au moment de rencontrer Julien, j’étais à un moment de ma vie où le voyage me guidait déjà, en mode backpacker. J’étais tout à fait sur la même longueur d’onde que Julien dans l’idée de prendre le temps et se laisser porter par les rencontres.
Je suis tombée amoureuse du vélo comme moyen de transport et j’aime beaucoup les paysages, mais j’adore aussi expérimenter et traverser les villes même si c’est chaque fois une expérience très stressante. Ça me permet de me découvrir un peu plus, c’est la part de « voyage intérieur ».
Voir cette publication sur InstagramUne publication partagée par Cycling-Togeth’Earth (@j.defourny) le
Bonjour,
voilà un article qui met un peu de baume au cœur dans cette période bien morose ! Belle initiative que mène Julien et aussi Marianne. Personnellement je suis trop âgé pour vivre cette sorte d’aventure mais depuis de nombreuses années nous (ma femme et moi) parrainons un enfant dans une communauté équatorienne. Bonne continuation à eux et merci pour cet article !