Nous avions des fourmis dans les pattes. Comme beaucoup d’entre vous, il a suffit d’un printemps en confinement forcé pour nous donner envie de repartir une fois les mesures relâchées. Une règle à suivre: ne pas s’éloigner de plus de 100 kilomètres de son domicile à vol d’oiseau. Facile quand on vit au cœur des Cévennes, où aucune route n’est droite plus de 20 mètres de suite. En cette mi-mai, nous voilà donc partis pour 7 jours de reconnaissance dans le Bougès, les vallées cévenoles et le Mont Aigoual, en emportant notre version presque finale de l’atlas-guide du CRI des Cévennes, sous la supervision attentive de Kiwi depuis sa remorque-safari.
Top Départ
Adieu veaux, vaches, Florac… nous partons à l’assaut du Bougès par sa piste forestière qui démarre de Bédouès. Parfait pour se mettre en jambes en douceur, tout en laissant Kiwi se dégourdir les pattes à son rythme, et découvrir tout à tour les paysages de chaque versant du massif (« Oh, le Mont Lozère! Regarde, ce sont les Puechs des Bondons! Oh, les vallées dans le fond! »). L’approche du Col du Sapet nous en met plein les mirettes, la saison est parfaite sous ces latitudes pour apprécier les couleurs et l’odeur des genêts en fleur. Pause-douceur en bonne compagnie dans le hameau de Mijavols, avant de reprendre le lendemain la route vers le défi du jour: l’ascension du Signal du Bougès, dont nous voulons tester la praticabilité en gravel/VTC itinérant.
Le défi.
Le début nous offre des vues magnifiques mais nous déchantons au bout de quelques kilomètres: certains tronçons sont vraiment raides (plus de 15-20%) et le sol très inégal et caillouteux. Nous devons régulièrement pousser les vélos, avec les sacoches pleines et la remorque-safari de Kiwi (vide, heureusement) et décidons rapidement de faire une croix sur ce tronçon dans notre guide itinérant. Qu’à cela ne tienne, nous sommes au sommet et profitons de la vue pour nous reposer avant de redescendre vers Cassagnas sur une autre piste forestière, bien plus reposante et adaptée à l’itinérance.
Sur la trace des Camisards
Nous avions déjà fait la connaissance des Camisards sur le Bougès, au lieu-dit « Les Trois Fayards » (un hêtre multi-centenaire témoin du rassemblement des trois principaux chefs protestants à l’aube de la fameuse Guerre des Camisards en 1702), nous suivons leurs pas au Plan de Fontmort où se dresse une obélisque commémorative en leur honneur. Le Plan de Fontmort, c’est aussi une étape du cruel chemin de croix de la Vieille Morte, dont nous avons découvert la légende locale…
Suit une descente dans le valat de Trabassac, un condensé de vallée cévenole sur une petite route étroite et typique. Kiwi, dans sa remorque, profite du paysage et d’une ou l’autre source d’eau fraiche rencontrée en chemin. La pente est parfois très raide, et étonnamment longue… heureusement que nous avons décidé de descendre le valat et pas de le remonter! Choisir son itinéraire dans les Cévennes demande un peu de préparation, ou beaucoup de mollets, au choix.
Surfer sur les crêtes des vallées
Nous voilà dans la Vallée Française, dans laquelle nous ne nous attardons pas: à Saint-Roman-de-Tousque la Corniche nous tend les bras pour nous faire glisser de l’autre côté, dans la Vallée Borgne. J’aime ces noms évocateurs, qui font voyager à la fois dans l’Histoire, la géographie et la légende.
La vue sur le petit village de Saint-Roman de Tousque nous accompagne (à condition de regarder en arrière) jusqu’au Col de l’Asclier, que nous avons décidé de rallier par la petite D152 qui nous permet de découvrir le hameau de l’Abric, petit joyau dans son écrin de verdure. La température a grimpé au fur et à mesure de notre descente vers le sud, et nous sommes soulagés de n’être qu’au printemps et pas en été.
Pause pique-nique au Col de l’Asclier, sur une petite plateforme de verdure équipée d’une table et d’une petite source fraîche. L’endroit parfait pour profiter du paysage et d’une petite sieste digestive… c’est que la suite s’annonce éprouvante: nous avons décidé de reprendre une piste vers Saint-Roman-de-Codières, au pied de la Montagne de la Fage.
Les pistes, les kilomètres et l'impression de difficulté.
Ce n’est pas parce que ça descend que c’est facile. Ni rapide. Nous qui sommes plutôt habitués à la route, nous continuons de découvrir les spécificités de la piste: les kilomètres sont plus longs et mentalement fatigants. Kiwi, elle, apprécie largement le contact de la terre et la liberté de mouvements. Quand nous trouvons le bivouac parfait, non loin d’une des nombreuses « pierres plantées » de la région, c’est avec soulagement que nous relâchons la pression, alors que le toutou de la bande en profite pour visiter les lieux… Nous sommes enfin frais et dispos le lendemain matin pour terminer la succession de pistes sur la Montagne de la Fage en direction des Gorges de la Cadière, étrange formation minérale qui dénote dans les Cévennes boisées.
Les Cévennes Méridionales
Les nombreux kilomètres de pistes ont eu raison des pneus de la remorque-safari, littéralement lacérés par les cailloux acérés… Et bien sûr, ça arrive un jour férié. On appelle ça les aléas du voyage, et comme souvent ils nous permettent de faire de belles rencontres, à l’instar de celle de Jean-Claude et Fanchon, qui nous indiquent un endroit où planter la tente dans le village et nous invitent à leur table en attendant l’ouverture des magasins de vélo le lendemain matin.
Nous repartons donc de La Cadière avec un jour de retard, et le besoin de revoir notre itinéraire pour ces derniers jours. Ce n’est pas la première fois du voyage, et c’est habituel pour nous: impossible de nous tenir à un planning! Toutes les occasions sont bonnes pour réadapter les plans: une recommandation de route d’un local, un spot de bivouac idéal arrivé trop tôt dans la journée, une pause-baignade qui se prolonge… Nous court-circuiterons donc une partie des Cévennes Méridionales en passant par Sumène et Le Vigan, avant de reprendre la route vers le Mont Aigoual. De toutes façons, il faisait trop chaud dans le sud. Vivement le climat rude, froid et humide si typique de l’Aigoual.
L'Aigoual, quand les conditions climatiques décident pour nous.
En guise d’adieu aux Cévennes Méridionales, nous passons la nuit au Col de la Cravate, dans le jardin d’une gentille dame, contente de nous faire profiter de la vue exceptionnelle…
Le lendemain, nous choisissons malgré tout de faire l’école buissonnière pour découvrir la route des Cascades d’Orgon et le plateau de Montals, en évitant la D48, pleine de motards en ce début de déconfinement enthousiaste. L’arrivée au Mont Aigoual nous rappelle un petit détail: avec 240 jours de brouillard et 2 mètres de pluie par an en moyenne, il faut de la chance pour profiter de la vue au sommet. Et ce n’est pas notre cas: le vent s’est levé, les nuages se sont amoncelés, la pluie ne tarde pas à pointer le bout de son nez et nous décidons de visiter l’arboretum de l’Hort de Dieu puis de planter la tente jusqu’au lendemain, en croisant les doigts pour avoir du meilleur temps.
Et c’est gagné! Après une nuit très fraîche, nous remballons sous le soleil timide du matin et atteignons l’observatoire les doigts gelés et engourdis (7°C!) mais des paillettes plein les yeux grâce au panorama qui s’offre à nous.
Retour par... les Alpes ?
On pourrait presque faire un tour de France rien que dans les Cévennes! Le versant Nord de l’Aigoual rappelle étrangement les paysages bucoliques sub-alpins. Le minuscule hameau de Cabrillac est une belle surprise, et nous ne vous parlons même pas de la route entre Cabrillac et le Col Salidès!
Il ne nous reste plus qu’une vingtaine de kilomètre pour rentrer au bercail, une formalité… Sauf. Sauf si on décide de tester la piste (la « draille » autrefois utilisée pour la transhumance des moutons) qui traverse la Can de l’Hospitalet. Le paysage est magnifique, mais la piste est bien trop difficile pour nos vélos chargés et la remorque du chien. Le plateau est tout sauf plat, les petits vallons sont très pentus et le sol caillouteux au possible. Les derniers mètres pour rejoindre la route de la Corniche, inondés d’une boue profonde et épaisse, impossible à éviter, sont pour nous une piqûre de rappel utile: « en itinérance, méfie-toi de la piste ».
Le VTT à la journée et la rando à pied ont encore de beaux jours devant eux. Si nous sommes principalement adeptes de la cyclo-itinérance sur route, nous avons avant tout le goût de la découverte, des paysages et des rencontres… et cette semaine tout-terrain était à la hauteur de toutes nos attentes!
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Le CRI des Cévennes
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